03 avril 2025 - 1745 vues
La nuit du 31 mars au 1er avril 2025 restera gravée dans les mémoires des habitants de la commune de Mirebalais, située dans le département du Centre d'Haïti, comme l'une des nuits les plus sombres de son histoire récente. En effet, cette nuit-là, une attaque violente menée par des hommes armés a plongé la commune dans la terreur et le deuil, marquée par des actes de violence inouïs et la perte tragique de vies humaines. Tout a commencé à Trianon, une localité voisine de de la ville de Mirebalais, où des assaillants lourdement armés ont lancé une série d'attaques contre des cibles stratégiques, notamment certains établissements scolaires dont des écoles tests, partenaires du projet Nectar, premières victimes d'une attaque qui allait s'étendre jusqu'au centre-ville de Mirebalais.
Les assaillants ont ensuite progressé sans relâche vers le centre de la commune, semant la panique et laissant derrière eux des scènes de destruction et de chaos. L'école nationale Lucienne Estimé, un autre établissement clé du projet Nectar et dirigée par les Sœurs de la congrégation de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, est devenue leur prochaine cible. Cette école test du projet, vitrine de l'espoir éducatif dans la région, a été frappée de manière brutale. Toutefois, les élèves n'étaient pas sur place, car il était exactement 16h30 le lundi 31 Mars 2025 quand la rédaction a reçu un message venant d’une Sœur en très grande difficulté face à l’invasion des hommes armés dans l’enceinte du bâtiment logeant l’école et la résidence des Sœurs.
Une invasion à grande échelle et un climat de terreur
Depuis une semaine environ, des rumeurs persistantes ont circulé parmi la population, alimentant la panique. Les habitants de la commune, craignant pour leur sécurité, ont commencé à fuir en masse, désertant la ville alors que l'attaque prenait de temps en temps forme et de l'ampleur. Les rumeurs évoquaient notamment la prise imminente du commissariat de police de la ville, avec l'objectif apparent de libérer tous les prisonniers, une information dont l’exécution à la lettre a exacerbé le sentiment de danger imminent sur toute la ville.
Cette invasion, bien que visant principalement des institutions publiques, a également touché des résidences privées. Parmi les victimes collatérales ou ciblées, la résidence privée du Directeur Adjoint d'Éducation du Centre, le professeur Diquessi Germain, a été incendiée, ajoutant à la violence de l'attaque. La destruction de biens personnels dans cette période de chaos montre à quel point la situation était hors de contrôle.
L'assassinat des Sœurs Voltaire et Onezaire : un acte barbare
L'attaque a pris une tournure tragique avec l'assassinat crapuleux des Soeurs Jeanne Voltaire et Evanette Onezaire. Ces deux religieuses dévouées à l'éducation et au service de la communauté ont été tuées dans des circonstances horribles alors qu'elles tentaient de fuir l’espace de l’école nationale Lucienne Estimé ciblé par les assaillants pour établir leur base. Les premières informations reçues de survivants font état de scènes de violence insoutenables, où des innocents ont été pris dans le feu croisé de ces agresseurs impitoyables. L’assassinat des Sœurs a été ainsi confirmé.
Les assaillants ont occupé le bâtiment de l'école, et jusqu'à ce jeudi 3 avril, les autorités n'ont pas été en mesure de récupérer les corps des Sœurs ni ceux des autres victimes. L'inaction des forces de sécurité face à la situation, incapables de pénétrer les zones occupées par les assaillants, a exacerbée le sentiment d'impuissance et de frustration parmi les habitants de la commune et au-delà.
Une situation de crise humanitaire et sécuritaire
La prise de contrôle de l'école Lucienne Estimé par les assaillants va avoir un impact dévastateur sur la communauté éducative locale, mais également sur l'ensemble du système éducatif haïtien. L'invasion des hommes armés a non seulement emporté des vies innocentes, mais elle a également mis en péril l'avenir de milliers d'enfants qui comptaient sur ces institutions pour leur éducation. Le projet Nectar, qui vise à renforcer les capacités éducatives dans un échantillon d’école test du bas plateau et de l’Ouest, a vu l'une de ses initiatives les plus importantes être gravement compromise. L'attaque et l'occupation de l'école va laisser un vide éducatif dans la région, et la violence a créé un climat de peur qui risque de paralyser les efforts pour restaurer la confiance et la sécurité dans les établissements scolaires.
Une communauté dévastée et une réponse gouvernementale insuffisante
Face à cette crise, la population de Mirebalais, ainsi que les responsables locaux et nationaux, sont désemparés. La violence de l'attaque, l'incapacité des autorités à reprendre le contrôle de la Ville et la lenteur des secours ont amplifié le sentiment d'abandon parmi les habitants. Les autorités ont exprimé leur impuissance à pénétrer les zones occupées par les assaillants, et la situation sécuritaire reste extrêmement précaire.
La communauté haïtienne est sous le choc. Le système éducatif du pays, déjà fragilisé par des décennies de difficultés économiques et politiques, subit un coup dur supplémentaire. Au-delà de la perte des Sœurs et des autres victimes, c'est l'ensemble de l'infrastructure éducative et l'espoir de milliers d'enfants qui sont menacés.
L'attaque de Mirebalais représente une tragédie à plusieurs niveaux : humaine, sociale, éducative et sécuritaire. Le meurtre des Sœurs Jeanne Voltaire et Evanette Onezaire, des figures emblématiques du dévouement éducatif, est un crime particulièrement cruel. Leur sacrifice et celui de toutes les victimes de cette invasion soulignent la précarité de la situation dans laquelle se trouve le pays.
L'Haïti d'aujourd'hui est un pays en proie à des violences de plus en plus fréquentes, mais aussi à un manque flagrant de réponses sécuritaires et institutionnelles adaptées. La reconstruction de la paix et de la sécurité à Mirebalais et dans l'ensemble du pays semble aujourd'hui plus lointaine que jamais. Le peuple haïtien, tout entier, pleure ses morts, et l'avenir de ses enfants, qui ont perdu une partie de leurs espoirs, semble de plus en plus incertain. Qui viendra à notre secours !
La Rédaction
Nectar Radio
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